Les anciens fusils du Maroc

La « fantasia » ou la tribu en armes

  La technique guerrière favorite des combattants marocains à cheval consistait en une charge rapide pour décocher un coup de feu après un arrêt brutal. Ces escarmouches très impressionnantes et très efficaces contre des armées organisées ont beaucoup impressionné les soldats des troupes d’occupation. Pour s’entraîner à cet art de la guerre, les cavaliers répétaient leurs exploits au cours d’une fête : « Aïd al baroud », la fête de la poudre.

Au XIXème siècle, les ambassadeurs qui se rendaient de Tanger à Fès étaient escortés par des tribus en armes qui ne manquaient jamais de faire montre de leur valeur guerrière en faisant parler la poudre. En passant d’un territoire à l’autre, une tribu laissait sa place à la suivante. Chacune rivalisait d’audace pour impressionner les représentants des puissances étrangère. L’« Aïd al baroud », la fantasia comme l’ont appelée les étrangers par la suite, est un simulacre de guerre pour éviter la guerre, un déploiement de force pour dissuader de s’en servir. On pourrait assimiler cette fête de la poudre au Maroc aux fêtes nocturnes de Versailles au temps de Louis XIV avec un usage immodéré de la poudre sous la forme de feux d’artifice.

                                                              Pourtant, c’est peut-être en laissant la bride sur le cou des tribus, de leurs chevaux et en éparpillant les armes dans les mains des guerriers, que l’empereur du Maroc a assis son pouvoir. Il s’agit de procéder de temps en temps à des déploiements de force au cours des « méhallat » des sultans, ces voyages à travers son empire ou des « harkas », ces déplacements des armées à des fins punitives contre une tribu rebelle. Il faut éviter les soulèvements, les révoltes anti-fiscales et les coalitions d’intérêts mais il faut aussi que s’exprime la violence du corps du cavalier, du corps de la tribu, des nerfs du cheval et de la chambre du fusil.

L’« Aïd al baroud », la fantasia est donc une tradition équestre et un divertissement populaire. Aucune fête, aucun déploiement d’autorité sans une fantasia. Aujourd’hui encore, les valeurs du Maroc s’incarnent dans la fantasia. Le souverain préside le championnat de fantasia du Maroc et, insigne honneur, les concurrents ont le droit de se présenter à lui en arme. Symbole aussi du changement dans le Maroc d’aujourd’hui, des troupes féminines conquièrent progressivement ce repère des valeurs viriles.


 


 


 

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